Trucs de production porcine et stratégies d’alimentation pour éviter les variations de température : Combattre les effets de la chaleur en mise-bas

Les effets du stress causé par la chaleur sur les truies lactantes ont été étudié par plusieurs chercheurs autour du monde. Autant la cochette que la truie multipare voit ses performances affectées par les hautes températures d’été (Williams, 2009).

Pour cet article, regardons les effets d’une température en salle de mise-bas à 20°C (68°F) (idéale) vs 25°C (77° F) (chaude). La période qui nous intéresse plus précisément s’étend de l’entrée des truies jusqu’à sept jours après que les truies aient mis-bas.  C’est un stade important de la production porcine qui nécessite deux températures distinctes, puisque nous avons à la fois des truies matures et sa jeune portée dans le même environnement.

Revue de littérature à propos de la gestion porcine en situation de température élevée

Gestal Quattro performance feeder can motivate the sow to eat at defined periods of the day and shows her consumption amount on the screen vs. targets for her parity and day of lactation. This feeder can also control the piglet microenvironment.

Figure 1.  Le distributeur d’aliment de précision Gestal Quattro motive la truie à se lever et à consommer sa ration à des périodes définies de la journée selon une programmation établie par le producteur et son conseiller technique. Il peut afficher la consommation en temps réel vs les objectifs déterminés pour elle selon son stade de production et son rang de parité.  L’appareil gère en plus la zone de confort des porcelets.

Quelles sont les meilleures conditions pour les truies lactantes ?

Pour les truies lactantes, un la règle suggère que la température optimale serait entre 15 et 26°C (59-79°F). De plus, 15°C et 32 °C (59-90°F) sont respectivement les températures minimales et maximales recommandées (Salak-Johnson et al.,2010).

Une recherche récente sur le choc thermique sur des truies lactantes considère que les températures de 17°C à 20°C (64-68°F) sont une zone de thermoneutralité, alors que les conditions de 24°C à 30°C(75-86°F) sont considérées comme créant des problèmes de santé comme un choc thermique (Williams et al., 2013).

À cause des effets de la vitesse de l’air, de l’humidité ambiante, de la grosseur de l’animal, etc., ces données devraient simplement servir de guide alors que les performances et les comportements des truies devraient être les facteurs ultimes à observer.

Comment la chaleur impacte les truies en mise-bas

Les truies dans les chambres de mise-bas chaudes (25°C) démontrent un rythme de respiration bien plus élevé que le normale, une température plus élevée tant en surface que rectale que pour leurs mamelles. Elles ont aussi une mise-bas plus longue, ce qui peut causer une augmentation des morts-nés (Quiniou, et al., 1999).

En contrepartie, pour les truies évoluant dans des températures modérées (22°C) en mise-bas, il est possible de noter une augmentation de la prise alimentaire en lactation et des porcelets plus lourds au sevrage (Muns et al., 2016). En se basant sur ces derniers résultats, 22°C a été accepté comme étant la norme des températures des chambres de mise-bas en Europe vs. 20°C en Amérique du Nord.

Fournir 2 environnements différents : un défi pour la gestion de production porcine

Le point de discussion véritable ici est de savoir comment garder les porcelets au chaud sans sacrifier le confort de la truie pour qu’elle puisse manger au maximum et produire du lait en quantité.  Malheureusement, on observe encore des cas où le producteur doit augmenter la température de ses salles de mise-bas au détriment des truies.

Les producteurs ont alors comme objectif de prévenir la diarrhée des porcelets, par exemple, et ce, au sacrifice de la prise alimentaire de la truie et de sa consommation d’eau. Pour prévenir certaines maladies, il est nécessaire de maintenir une zone de repos des porcelets exempte de courants d’air et ayant une température confortable. La liberté des plans peut aussi être un atout important.

Stratégies pour combattre le problème

Comment peut-on vaincre ce problème? Voilà quelques stratégies efficaces de production porcine qui ont déjà fait leurs preuves dans d’autres fermes hautement performantes.

1.Mettre en place des stratégies d’alimentation qui encouragent la prise alimentaire en fin de soirée et très tôt le matin.

Cela encouragera la truie à se lever et à manger une plus grande partie de la portion à volonté de son alimentation pendant les matins, plus frais, au lieu de pendant les après-midis, plus chauds, ou en soirée. La stimulation de la truie tôt en matinée augmentera sa prise alimentaire quotidienne, donc directement sa production de lait pour obtenir des porcelets plus lourds et un retour en chaleur plus efficace après le sevrage.

Un système d’alimentation programmable ou une présence plus fréquente du producteur motivera la truie à se lever plus souvent tout au long de la journée. Cela l’encourage à consommer plus et donne plus de chances, pendant la journée, aux plus petits porcelets de mieux se nourrir.

Aussi longtemps que la truie est en mesure de se lever de façon libre, le taux de mortalité pré-sevrage ne devrait pas être impacté (Leonard et al., 2020), puisqu’une truie lactante passe en moyenne 120 minutes debout par jour. Un des objectifs de l’alimentation de précision est de faire lever la truie plusieurs fois par jour au lieu d’une seule période plus longue.

2. Installer les bons équipements de mise-bas, au bon endroit

The heat pad and the Gestal Quattro together, help regulate the temperature of the creep area

Figure 2.  Plusieurs options s’offrent au producteur afin de mesurer la température de l’environnement du porcelet. Ici, nous voyons une sonde installée au dessus de la zone de repos, cette sonde est reliée directement au Quattro. La température enregistré est comparée à une charte et l’appareil alimente alors la source de chaleur (lampe ou tapis chauffant) afin d’atteindre la température désirée.

Ajuster les entrées d’air afin de diminuer les courants d’air froids sur les porcelets. Prenons pour acquis que nous voulons que l’air frais tombe sur la truie, mais en voulant aussi éviter à tout prix que l’air frais aille dans la zone de confort des porcelets (Eichen et al., 2008). Ceci est encore plus important puisque la majorité des producteurs Nord-Américains n’utilisent pas de niche à porcelets horizontale.

Les systèmes linéaires sont particulièrement à surveiller. Les entrées d’air modulaires permettent de diriger l’air vers la truie et non directement sur les porcelets, et ce, spécialement par temps froid.

L’objectif devrait être de garder la truie à 20°C(68°F) et les porcelets autour de 30°C (86°F). En mise-bas, la zone qui est chauffée doit idéalement être uniforme.

3. Éviter de sur-réchauffer la truie

N’ajoutez pas de chaleur supplémentaire à la truie, surtout au niveau du haut du corps. Les tapis chauffants ont l’avantage de diffuser la chaleur d’une section précise du bas vers le haut pour les porcelets et ce, par la conduction thermique. La chaleur est ainsi plus éloignée de la truie, donc elle demeure plus au frais.

Une lampe chauffante offre une zone de chaleur circulaire par radiation et convection, ce qui créé une zone plus chaude au centre de la lampe. Également, la lampe projette vers le bas et la chaleur remonte, par la suite, dans une zone difficilement contrôlable, surtout dans des cages de petites dimensions.

4. Comptez sur les thermostats et non sur la température ressentie

Soyez en mesure de garder les chambres de mise-bas plus fraîches pour la truie. Faire des chambres une «pouponnière chaude» devrait être évité, pas encouragé. L’air tiède garde plus d’humidité, ce qui mène à un stress respiratoire plus élevé, en plus de coûter plus cher d’électricité.

5. Utiliser de multiples stratégies

Plusieurs stratégies peuvent être utilisées à la fois. Entre-autre, vous pourriez aussi utiliser un petit ventilateur portatif dirigé vers le cou de la truie ou système de goutte à goutte afin de diminuer sa température corporelle sans affecter le confort des porcelets.

Également plusieurs préconisent l’utilisation d’une «niche» au-dessus de la zone de repos des petits. Ceci permet de diminuer la température de la salle de quelques degrés supplémentaires, au plus grand bonheur de la truie.

Et plus spécifiquement pour les systèmes de mise-bas en «batch»

Spécialement pour les systèmes en «batch», apporter les truies dans leur chambre de mise-bas   plusieurs jours avant la mise-bas a l’avantage de les mettre sur un horaire d’alimentation pour la mise-bas VS leur horaire de gestation dans lequel les truies reçoivent 1 voire 2 repas par jour et ce, de façon restrictive.

Également, il est important de programmer la lampe chauffante pour qu’elle s’allume à une période prédéterminée, soit juste avant que la truie soit due pour mettre-bas.

By Brian Strobel,

Sylven Blouin, Agr.,

Dr. Hyatt Frobose, PhD

CITATIONS

A.M. Williams Thesis 07.15.2009.  University of Missouri-Columbia.  Effects of Heat Stress on Reproduction and Productivity of Primiparous Sows and Their Piglets’ Performance.

Robbins, L., A. Green-Miller, D. Lay Jr, A. Schinckel, J. Johnson, and B. Gaskill. 2019. Evaluation of sow thermal preference. Bergen, Norway; Proc. 53rd Congress of the ISAE. p. 144.

Salak-Johnson, J., J. Cassady, M. Wheeler, and A. Johnson.  2010.  Guide for the Care and Use of Agricultural Animals in Research and Teaching.  FASS (Federation of Animal Science Societies).  3rd edition.  Pp 143-147.

Williams, A., T. Safranski, D. Spiers, P. Eichen, E. Coate, and M. Lucy.  2013.  Effects of a controlled heat stress during late gestation, lactation, and after weaning on thermoregulation, metabolism, and reproduction of primiparous sows.  Journal of Animal Science, Vol 91, Issue 6.  Pp 2700-14.

Quiniou, N., J. Noblet.  1999.  Influence of High Ambient Temperatures on Performance of Multiparous Lactating Sows.  Journal of Animal Science 77 (8): 2124-34.

Muns, R., M. Larsen, J. Maimkvist, and D. Soerensen.  2016.  High Environmental Temperature Around Farrowing Induced Heat Stress in Crated Sows.  Journal of Animal Science. 2016.94:377-384.

Leonard, S.M., H. Xin, T. Brown-Brandl, B. Ramirez, S. Dutta, and G. Rohrer.  2020.  Effects of Farrowing Stall Layout and Number of Heat Lamps on Sow and Piglet Production Performance.  Animals 2020, 10, 348.

Eichen, P.A., M.C. Lucy, T.J. Safranski, E.A. Coate, A.M. Williams, and D.E. Spiers.  2008.  Heat Stress Effects on Sow Reproductive Performance Using Simulated Forced Air and Evaporative Cooling Systems, pp 773-339 in Livestock Environment VIII. ASABE Pub #701P0408.